«J'ai commencé cancre et j'ai fini par aimer la difficulté», voilà ce que dit Jean Sulpice lors d’une interview donnée à l’Express. Et la difficulté commence par les cuisines de Marc Veyrat à 18 ans face à l’Homme en noir et aux pianos de la Ferme de mon père à Megève. Il apprend la cuisine lors de stages notamment dans mon restaurant préféré à ce jour, L’Arnsbourg de Jean-Georges Klein, maison au fond des bois alsaciens, là-encore une nature omni présente à l’ombre des mélèzes. Autant dire que dans l’assiette, on va retrouver cet attachement à la nature avec la mise en avant des saveurs et des produits locaux.




Mais histoire de compliquer cette cuisine qu’il veut simple, il va la réaliser à 2 300 m d’altitude au chalet de L’Oxalys à Val-Thorens, où il va décrocher une première et une seconde étoile au Michelin. Plus haut et jeune étoilé de France et probablement du Monde… et aussi le seul à dévaler les pistes avant et après les fourneaux.



Annecy/ Val Thorens, 2h10 de route, on longe le lac aux eaux turquoises avant de plonger vers Albertville et la Vallée de la Tarentaise, Moutiers et la longue montée vers St-Martin de Belleville, les églises baroques, les Ménuires et enfin Val-Thorens. 23°C au départ, 14 °C à l’arrivée, près de 1 850m de dénivelé et impossible de déjeuner sur la terrasse, trop nuageux pour espérer se réchauffer au soleil.









Nous choisissons le menu à 80 euros (3 menus au choix 49, 80 et 110 euros). Pendant notre réflexion sur le choix de nos plats, on nous sert de petites tartelettes sablées au parmesan et petits pois crus, menthe et zestes d'orange dont l’on trouve la recette dans le livre de Jean Altitude 2300 que je n’avais pas amené avec moi et qu’il m’aurait certainement dédicacé. J’adore ce livre et ces petites tartelettes croustillantes.





La salle est sobre, tables en bois, tons orangés et verts, fleurs des « alpages » (il n’y a pas d’alpage à cette altitude mais on ne peut pas décemment dire fleurs des champs). Magali, la femme de Jean et également sommelière de l’établissement, officie en salle et nous propose la carte des vins. Comme je conduis et que la route est sinueuse, je choisis un verre de Condrieu Gerin domaine La Loye 2008 déjà dégusté chez Sa-Qua-Na à Honfleur, et maman choisi un vin entre le rosé et le blanc malheureusement je n’ai pas noté la référence.





Amuses bouche : tartelette fève, écrevisses et sauge, des œufs brouillés aux cèpes, mousse de petits pois et purée de framboises, et une eau de tomate à la sarriette. La tartelette et les œufs surtout nous emballent.










En entrée, un foie gras poêlé à la fleur de sureau, pêches jaunes et vinaigre balsamique blanc. Juste parfait, un poil trop grillé mais sans goût de brûlé heureusement. Accord impeccable avec le sucre de la pêche et la douceur du vinaigre balsamique blanc. En accord avec mon verre de Condrieu. Ma mère a trouvé son vin un peu trop sucré pour ce plat.







Poisson à suivre :
De petits filets de perche du Lac cuites à l’unilatéral, crèmeux de pistaches, jus citronnelle gingembre pour faire frétiller le poisson. Très jolie présentation, c’est bon mais ce n’est pas totalement foudroyant. L’émulsion manque de peps pour moi.





Maman a pris le homard bleu, glacé dans une vinaigrette de miel d’acaccia montée au beurre de Savoie, choux blanc et légumes verts. Plat copieux aux cuissons impeccables et visuellement très beau.






La viande : Le pigeon (3 beaux morceaux et la cuisse), compotée d’oignons doux, basilic pourpre, jus betterave et cassis. Mention spéciale pour moi à la compotée d’oignons doux, toute fine. J’espère que la recette sera dans son prochain livre qui sort à l’automne à un prix raisonnable.




Plateaux de fromages : uniquement fromages de Savoie mais en dessous pour moi de celui de Guy Martin au Grand Vefour ou d’Alain Périllat à l’Atmosphère. J’ai découvert le Persillé de Tignes que je ne connaissais pas et un fromage de chèvre sec absolument divin.

Pas de pré-dessert (étrange pour un restaurant de cette qualité) et arrivent les desserts. Pour tout vous avouer nous n’avons pas aimé les desserts. Nous avons trouvé qu’ils manquaient de gourmandises et de volupté. Le dessert tout chocolat en poudre, en ganache et en sorbet à la Tanaisie, croquants au sel de Maldon. Je n’ai pas aimé le goût particulier de cette plante qui entre dans la composition de la Bénédictine et qui couvrait la douceur du chocolat.



L’autre dessert aux fraises comportait une mousseline légère au houblon, tuiles de pain de campagne grillées. Pas de chance pour moi qui n'aime pas le houblon mais ma mère n’a pas non plus aimé et a trouvé la mousseline un peu gélatineuse à son goût. Ce dessert était très peu sucré et aurait peut-être mérité des tranches de pain grillé très fines mais aussi un peu plus caramélisées pour apporter de la gourmandise et contrer l’amertume du houblon.



Mais il faut avouer que j’apprécie rarement les desserts dans les restaurants étoilés car j’aime avant tout les grands classiques que l’on trouve plus dans les bistrots que les gastros (je me damnerai pour un baba au rhum par exemple).



En revanche la boule de chocolat au cœur de Chartreuse qui fond sous la Chartreuse brûlante nous a apporté un peu de réconfort avec le café mais d’autres petites mignardises auraient été aussi les bienvenues…


Un bon repas, un peu en dessous de ce que j’avais imaginé et au regard de cette catégorie de restaurant. Cela manque un peu de générosité et de gourmandise, pas de pré-entrée, d’avant dessert, pas de mignardises. Au Grand Véfour, deux étoiles également et pour un prix égal au déjeuner, il y a plus de petites choses à tester entre les plats et une tranche de gâteau de Savoie est servie avec le café en plus des mignardises. On sent de la retenue et j’aurais voulu plus d’explosion. Mais difficile de juger en une seule visite.




Pour un prix inférieur, Atmosphères d’Alain Perillat est plus surprenant et audacieux. Donc l'idéal quand vous partez skier : dîner à l'Oxalys** pendant la semaine et en repartant faire un stop au Bourget du Lac (à côté de Chambéry) chez Atmosphères*.

Ils sont quand même doués nos petits savoyards, et pas qu'en cuisine, n'est ce pas Christophe Lemaître !

PS : pour plus d'infos sur le restaurant et les stages, faites un tour sur le site de Mercotte, fidèle ambassadrice des chefs savoyards.

Enfin, je compte sur vous pour voter pour mon quatre-quarts matcha pralines (KKVKVK 35) chez Rouge Framboise

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